Localisée près de Marseille, l'entreprise a trouvé un matériau propre et biocompatible pour fabriquer les parois de microcapsules renfermant des principes actifs naturels. Mise au point avec une équipe du CNRS, cette technologie cible en particulier l'industrie cosmétique et l'agriculture. C'est une révolution dans l'univers de la microencapsulation promise par Gem'Innov, qui a mis au point, avec l'équipe Chimie radicalaire organique et polymères de spécialité (CROPS) du CNRS, des microbilles de 5 microns de diamètre réalisées à base de composants biosourcés. Baptisée « Genesis », cette innovation, qui vient de faire l'objet d'un dépôt de brevet auprès de l'Inpi avec extension internationale, anticipe de trois ans l'interdiction réglementaire européenne des matériaux microplastiques non biodégradables. « Nous sommes parvenus à polymériser un ester - groupement atomique de synthèse non toxique appelé poly-bêta-amino-ester - autour du contenu à encapsuler. C'est comme si nous enveloppions le produit dans une peau », décrit Yves Ortais, président de cette entreprise implantée à Gémenos, près de Marseille. Multiples débouchés Avec cette technologie, il espère ouvrir une multitude d'applications jusqu'alors interdites aux microcapsules composées de mélamine-formaldéhyde, soupçonnées de toxicité. Depuis deux ans, ses chercheurs planchent sur plusieurs débouchés possibles, dont ils ont conçu des versions alpha dans des matériaux non durables. La plus surprenante intègre une formule photochromique qui permet de moduler la couleur d'un fond de teint, selon que la peau est exposée à la lumière artificielle ou naturelle. Une autre encapsule des principes thermo et photochromiques pour sécuriser l'utilisation des cires épilatoires qui doivent être appliquées précisément entre 57 et 63 °C, sous peine de brûler la peau ou d'être inefficaces. « Nos microcapsules affichent trois couleurs, selon que la température est trop froide, trop chaude ou idéale », explique-t-il. Gem'Innov cible aussi le domaine agricole. « Nous sommes en passe d'enregistrer la première microcapsule enregistrée 'Diocide UE528/2012' biosourcée, biodégradable et à base d'actifs naturels », précise-t-il. Il a déjà cédé deux licences d'exploitation, l'une dans le secteur de la défense et l'autre à un producteur indien de gants en latex.
Source :
Les Echos