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Gem’innov prend de l'avance grâce à ses microcapsules biodégradables

L'entreprise basée à Gémenos vient de développer une microcapsule sans plastique, prenant ainsi les devants sur la réglementation européenne. Mais pour se donner les moyens d’explorer d'autres marchés, la société de 8 salariés souhaite désormais trouver des investisseurs. Une innovation "d'ordre mondiale" qui "fait frémir le monde de la chimie". Thierry Ribeiro ne fait pas dans la demi-mesure pour présenter la nouvelle microcapsule sans plastique de Gem'innov. Il faut dire que l'entreprise dont il est directeur général vient de prendre trois ans d'avance sur Henkel, le géant allemand du secteur, qui prévoyait de se mettre en conformité avec le futur règlement européen en 2022. Une avance qui compte tant l'on trouve des microcapsules dans de nombreux secteurs comme la cosmétique, la détergence ou encore la signalétique. Les microcapsules sont des réservoirs sous forme de sphère qui permettent de contenir un produit solide ou liquide et de le protéger afin de maîtriser sa libération. Le concept est le même, mais en taille beaucoup plus réduite, que pour certains médicaments. Les pigments à l'intérieur doivent ensuite réagir à des conditions données pouvant être la chaleur ou la luminosité par exemple. Un produit développé avec le CNRS Les capsules qui servent de coquille comportent du microplastique, moins visibles mais plus nocifs que des emballages. Mais cela va devoir changer. L'Union européenne s'est emparée du sujet en début d'année en votant l'interdiction des matériaux microplastiques non biodégradables. Charge donc aux producteurs de s'adapter d'ici 2022. "Nous sommes les premiers à proposer une solution adaptée, ce qui signifie qu'avec nos microcapsules nos clients sont d'ores et déjà tranquilles avec les règles européennes pour de nombreuses années", revendique Thierry Ribeiro. L'innovation, baptisée "Génésis", est brevetée avec une extension internationale. Le développement de ce produit a nécessité deux de travail de la part de la branche R&D de Gem'innov, composée de deux personnes, en partenariat avec l'équipe Chimie radicalaire organique et polymères de spécialité (CROPS) du CNRS. "Nous avons voulu changer de matériaux, explique le directeur général. Nous en avons trouvé un bio-dégradable". Son nom est poly-bêta-amino-ester. S'il ne parle pas au plus grand nombre, cet élément est bien connu des scientifiques puisqu'il est notamment utilisé pour administrer de l'ADN. Un besoin d'investisseurs En plus de travailler sur le contenant, Gem'innov innove également sur le contenu. Elle avait par exemple développé des contenants qui changent de couleur selon la température à laquelle ils sont exposés. Cela peut être de la cire à épiler avec une couleur différente si elle n'est pas assez chaude, ou des tenus pour bébé qui pointe une douleur, et donc une hausse de la température sur un point, apparaît. Autre application, un maquillage capable de s'adapter à la luminosité. L'entreprise provençale de huit personnes s'occupe également de la production. Elle se concentre sur les secteurs du détergent, du luxe et des gants. Elle vient par exemple de produire pour ATG Sri Lanka des gants de chantier qui gardent une bonne odeur. Elle fabrique, tous produits confondus, entre 40 et 60 tonnes chaque année. "Nous sommes tous petits et les marchés sont immenses", reconnaît Thierry Ribeiro. "Nous devons refuser des clients parce qu'ils nous demandent une production trop importante", assure-t-il. Pour se libérer de cette tâche, Gem'innov travaille sur un micro-réacteur capable de produire sans aide humaine. "Cela permet de rendre le client autonome". L'envie reste tout de même de "passer à la vitesse supérieure rapidement". Avec un chiffre d'affaires de 1,1 million d'euros, l'entreprise souhaite trouver des investisseurs. "Nous sommes ouverts à tout, repreneur, levée de fonds, ouverture de capital....", prévient Thierry Ribeiro. Et ainsi faire frémir les marchés.

Source :
La Tribune